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 Quand on l'attaque, l'Empire contre-attaque. | pv : Grèce

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Quand on l'attaque, l'Empire contre-attaque. | pv : Grèce Empty
MessageSujet: Quand on l'attaque, l'Empire contre-attaque. | pv : Grèce   Quand on l'attaque, l'Empire contre-attaque. | pv : Grèce EmptyMer 24 Déc - 12:13

Il y avait dans l'air matinal de l'Arcadie comme un doux parfum de vengeance. Ce n'était pas ce que vous, commun des mortels, appelez « punition » —  celle qui fait prendre le temps de s’asseoir confortablement, de poser le ventre de cette pauvre hère sur ses genoux, de baisser sa culotte, puis de claquer du plat de la paume, la surface rose et dodue de son postérieur — ; c'était une vengeance de Nation, ce qui implique qu'il faut s'attendre à devoir respecter certaines règles de bienséance.
Cette bienséance, l'Empire Ottoman — celui qui était encore un des plus grands empires du monde, malgré tous les ragots qu'on ait pu lancer sur sa potentielle mort prochaine —  avait eu la chance d'en connaître les rouages du temps de Soliman le Magnifique et de sa tentative de conquête de Vienne. Or, de nos jours (c'est-à-dire en 1821), il était bien loin d'avoir l'énergie de sa jeunesse. Le voyage depuis Constantinople avec les 1500 cavaliers gracieusement prêtés par la Porte l'avait fatigué, sa monte à cheval n'était plus aussi souple qu'avant —  il avait des courbatures aux cuisses et des ecchymoses à l'intérieur des genoux depuis deux jours — , son endurance n'était vraiment plus ce qu'elle était et son dos lui hurlait quelque chose qui ressemblait à un Eh Vieux, faut te ménager ! depuis qu'il avait décidé de respecter les réformes de Mahmoud II —  il se demandait encore aujourd'hui pourquoi il avait troqué son arc pour combattre avec l'artillerie montée.
En ce qui concernait l'armée, Sadık avait toujours exprimé une certaine réticence au changement, tout comme les Janissaires. Les anciennes méthodes de conquête avaient fait leurs preuves depuis longtemps et il n'était pas jaloux pour un sous de feu Bonaparte, de son pouvoir et de ses techniques militaires ; la « belle » guerre avec la stratégie et tout le souk, c'était pas son truc.
Et ce matin encore au petit déjeuner (plus que frugal et pris à la hâte,  ce qui n'était pas dans les habitudes du Turc), cette question lui avait parcouru l'esprit et ne l'avait pas quitté jusqu'à leur arrivée — au bout de deux heures et demies de marche ou de cheval — face à la petite colline de Valtetsi. On donna l'ordre aux Hommes de se reposer —  et ils ne se firent pas plus prier pour s'exécuter — tandis que les deux commandants de l'opération, (Rubeh bey et le Kehaya-bey Mustafa, de leurs petits noms) discutaient à nouveau du plan à adopter :
« Trois mille cinq-cents Hommes attaquant par le Sud, commença Mustafa, le regard vissé sur le village fortifié à la hâte par les insurgés. Mille par le Nord et six cents autres postés à l'Est et à l'Ouest pour prendre de revers les fuyards.
— S'ils n'ont pas de renforts venant des montagnes (ce qui est peu certain), on devrait pouvoir en finir avec les Mavromichalis. »
Du haut de son cheval, Sadık ne put réprimer un petit rire nerveux qui étonna les deux commandants postés à côté de lui. Il ne savait pas s'il devait rire ou pleurer d'apprendre encore une fois l'implication de cette foutue famille dans des histoires de révoltes. Georgios, Illas-Pierros, Ioannis, il aurait dû insister pour les faire exécuter après la Révolution d'Orloff.
« Quoi ? s'étonna le Turc qui regardait à travers son masque les visages ahuris de ses deux compères. J'en ai marre d'entendre ce nom. On va leur casser leurs mavromichamiches[1] et puis c'est tout. C'est pas la peine de discuter plus longtemps. »
Sur ces mots il mit son cheval au galop d'un coup de talons, en direction de Valtetsi ; ce qui réveilla un peu plus ses bleus et ses courbatures. Il s'arrêta à quelques dizaines de mètres de la forteresse de fortune, rejoint par Rubeh Bey qui avait préféré le suivre. L'Empire Ottoman prit alors une grande inspiration et hurla, comme à son habitude, les mains jointes en porte-voix :
« Sofya ! Je sais que t'es là ! Ramène ton joli p'tit cul rose ici que je te mette la fessée déculottée de ta vie ! Comme en 1774[2] !
— Je ne pense pas que … »
Sadık leva son index qu'il posa sur ses lèvres, faisant ainsi comprendre qu'il n'en avait que faire des craintes de son compatriote albanais. Puis, il continua sur le même ton :
« J'ai deux genoux alors apporte ton petit copain Kolokotróuducul[3] qu'on fasse ça à plusieurs ! C'est toujours plus drôle ! »
Il prit un temps de pause, scrutant une quelconque réaction de la part de la Grèce. Mais il n'entendait rien.
« Si dans cinq minutes j'ai pas encore vu vos miches : on rase tout et je te fais subir la même chose qu'à ton chéri Giovanni Giustiniani ! Est-ce que c'est clair ? »
Un sourire de vainqueur était scotché à ses lèvres. Par ces mots, il était sûr et certain de réveiller en la Grecque un vieux souvenir enfouis depuis le temps de Mehmet II. Constantinople, Valtetsi ou Tripolizza ; quelle différence. Il fallait juste qu'il montre à nouveau au monde qu'on ne se rebelle pas contre l'Empire. Point final.

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