Si l'on m'avait dit il y a une semaine à peine, en installant les bougies pour
Hingedepäev, que Lituanie a sorti avec Russie durant un an autrefois et qu'elle songe peut-être à se remettre avec lui, mais que ce ne serait pas ce qui me préoccuperait le plus prochainement, j'aurai été sérieusement consterné.
Comme quoi la vie est pleine de surprises.
Ce n'est pas que l'affaire Lituano-russe ne me préoccupe pas. Russie nous as fait trop de mal à tous émotionnellement pour que j'approuve cette relation. Et je ne ferrais pas de compromis : si Lituanie le choisi à Lettonie et moi, je romps les ponts. Elle est trop grande, trop butée aussi, pour que je me permette de me mêler de ses avis en matière de conjoint. Malgré tout, ça me déprime, parce qu'elle ne sera probablement jamais vraiment heureuse avec lui, il est bien trop égoiste pour ça, et que ça la prive de toute chance d'avoir une vraie relation avec quelqu'un de bien pour elle, et… ça m'irrite, parce qu'elle se met des batons dans les roues elle même, et c'est une bonne personne qui mérite tellement mieux ! Est-ce que l'appel des hormones et le confort d'une relation vaut tellement le coup de subir toute cette peine ?
...Je me pose sincerement la question. Il y a plusieurs soirs, je me suis rendu compte que… je n'étais peut-être pas comme les autres pour ce qui est de ressentir ce genre de choses. Evidemment, il a fallu que ce soit au cours d'une conversation avec Russie que cela ressorte, comme s'il n'avait pas assez de moyens pour me mettre la pression…
Cela semble si évident, après coup. Pourquoi les couples dans les histoires semblent si peu crédibles à avoir le coup de foudre et vouloir dormir ensemble dès le premier soir, comment les publicitaires semblent croire que des personnes en sous-vetements peuvent faire vendre des canapés ou des glaces, ou bien toutes ces insinuations que je n'ai jamais capté jusqu'à ce qu'on me les explique. C'est parce que je fonctionne différement des autres. Il me manque quelque chose qui fait que je ne ressent rien devant tout ça, là où d'autres ressentent de l'excitation face au sexe opposé. Ou au même sexe, remarque. Je me demande si ce ne serait pas mieux, d'ailleurs, que je sois gay, plutôt que… que rien.
Je devrais aller à l'infirmerie, d'après Russie il existe des médicaments pour ça. Mais, en fait… je ne sais pas si je veux changer ? Cela me semble juste profondément dégueulasse d'avoir envie de tripoter des gens, quelque soit leur sexe. Mais d'un autre côté… Qu'est ce qui m'attend sinon ? Je peux faire semblant de n'être au courant de rien et continuer ma vie comme avant, mais tôt ou tard ça posera problème. Il y aura bien quelqu'un pour se rendre compte, pour se demander pourquoi je ne réagit pas, je suis un homme pourtant, et c'est seulement normal pour un homme d'avoir de telles envies. Et si mon gouvernement l'apprenait ? Est ce qu'on me laissera quand même représenter mon peuple si ça se sait ? Et ma famille, alors ? Depuis le temps que mes grands-parents me demandent quand est-ce que je leur présente ma petite amie, qu'est ce qu'ils vont penser s'ils se rendent compte que non, ça n'arrivera probablement pas, ce n'est pas juste que j'ai des critères difficiles, ce n'est pas juste une phase ? Parce que je ne vois pas comment je pourrais me mettre en couple si c'est ce qu'on attends de moi, que je… je n'ose même pas le formuler, en fait.
A vrai dire, je ne sais pas si ce serait si déplaisant que cela, de passer à l'acte. Mais je n'arrive juste pas à m'imaginer le faire avec quelqu'un, ça bloque dans ma tête. A la rigueur prendre quelqu'un dans mes bras, s'allonger à côté, juste profiter de cette présence supplémentaire… mais si ce que les histoires racontent sont vraies et pas des exagerations, alors ça ne suffit pas ? Et je me retrouverais seul au final.
J'aime la solitude. Je ne suis pas très doué pour communiquer avec les autres. On me dit que je suis rude, ou bien on prend mon sarcasme au premier degré et je dois tout expliquer et c'est embarassant, et puis c'est épuisant, d'être avec d'autres personnes. Mais je ne suis pas fait non plus pour vivre complétement loin des autres, peut importe comment j'ai pu plaisanter à ce sujet lorsque Russie a demandé qui je préferais entre lui et les Européens.
J'ai des souvenirs de vacances de Tallinn, lorsque je venais juste de demenager ici, du haut de mes 8 ans, alors sans ami dans le coin – c'est venu bien après, après tant de mois… En dehors des vacances d'été et de Noël, il était impensable que je retourne chez mes grand-parents. Le trajet est trop long, et j'étais trop jeune pour prendre un bus tout seul. De toute manière, une fois à Tartu il aurait fallu trouver un autre transport pour aller chez eux. Du coup… Je passais mes vacances à la maison. Il m'arrivait de passer des jours sans sortir, avec pour seul contact ma mère, quelques mots le matins et des paroles à peine plus longues le soir, des fois sa présence lorsqu'on regardait un film ensemble. Des jours à ne pas vouloir sortir du lit, sans motivation pour quoi que ce soit, à se sentir mal à l'aise sans réussir à mettre un mot sur pourquoi ce sentiment. J'ai rarement été aussi soulagé que lorsque j'ai commencé à avoir des invitations de mes camarades de classes pour venir chez eux une journée durant les vacances.
Bien sur, j'étais jeune, manquant d'autonomie, et peut-être moins sensible au charme de la vielle Ville. Mais c'était aussi sur des périodes de temps peu étendues. Comment est ce que cela m'affecterait, si après l'Academie je me retrouve seul pour le restant de mes jours, n'ayant mon quota d'interaction qu'au travers mon travail et mes achats au supermarché ? Est ce que je me sentirais aussi mal ? Est ce que je cesserais petit à petit de prendre soin de mon logement et me retrouverais dans un appartement digne de série télé, avec l'evier rempli de vaiselle et des vetements sales trainant un peu partout, la télé ou la radio allumé juste pour avoir le sentiment que quelqu'un d'autre est là ? Je ne crois pas que j'arriverais à ce point, mais…
...Mais je ne sais pas si je supporterais malgré tout de vivre seul pour le restant de mes jours. Même moi, je veux être apprécié et aimé. Mais ce ne serait pas très juste pour cet hypothétique partenaire, non ? ...Au final, je ne suis pas très bien placé pour donner la leçon à Lituanie...
Ça semble tellement stupide, quand je marque tout ça. Haha, peut-être qu'écrire était au final la meilleure solution, au lieu de laisser ces pensées trainer dans ma tête, surgissant lorsque je ne m'y attends plus. Peut-être que je me sentirais un peu mieux après cela.
...Peut-être.
- OOC:
Petits détails sur le journal intime :
- Il s'agit d'un fichier texte sur l'ordinateur portable d'Eduard, dans son dossier documents ; il n'est pas particulièrement bien caché ni mis en évidence, il n'y a pas de code particulier pour y acceder.
- Si, pour des raisons évidentes, les entrées du journal sont écrites en français de nos points de vues d'entitées du clavier, elles sont en estonien en RP (ce qui explique l'abscence de protections pour le fichier : la langue est déjà bien assez compliquée à decrypter). Il se peut que des mots estoniens apparaissent des fois dans le texte, ils seront expliqués si nécéssaire en HRP comme ici, vous avez droit à une leçon d'estonien si c'est pas beau ça.
- Il se peut par la suite que des liens soient disséminés dans le texte, un peu comme cela. Ils ne sont pas présent dans le 'texte original', il s'agit plus d'une forme de bonus pour expliquer/justifier certaines paroles.
- Le titre du JI, "Ça craint d'être estonien", est une réference à cette chanson : https://www.youtube.com/watch?v=aADjmpAHEYE